3ème rapportage du Plan de Gestion Anguille national

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Mise à jour le 7 juin 2018

Depuis 2007, la gestion de l’anguille au niveau national est encadrée par le règlement européen pour la reconstitution de l’anguille (EC No1100/2007), qui impose des objectifs de gestion aux états membres de l’UE. Ceux-ci doivent réduire l’ensemble des impacts anthropiques sur l’espèce à travers des plans de gestion nationaux et favoriser l’échappement des anguilles argentées vers l’océan où elles effectuent leur reproduction.

Le premier Plan de Gestion Anguille français  a été approuvé par la Commission européenne le 15 février 2009. Il doit donner lieu à une évaluation de ses mesures par les services de l’état, au niveau régional (Unité de gestion Anguille) et au niveau national. Ce rapportage doit justifier le choix des mesures de gestion, les moyens mis en œuvre pour les appliquer et les résultats évalués en termes d’échappement de géniteurs.

Deux premiers rapportages du plan de gestion national ont été produits par l’ONEMA en juillet 2012 () et juin 2015 (). Le prochain rapportage doit être transmis pour le 30 juin 2018. Le Ministère de la transition écologique et solidaire prévoit la transmission d’un rapport au niveau national mais souhaite valoriser le travail réalisé localement au sein des comités de gestion des poissons migrateurs (COGEPOMI).

Un rapport pour l’UGA Loire

Les estuaires de la Loire,  des côtiers vendéens et de la Sèvre niortaise sont situés au cœur des arrivées de civelles sur la façade atlantique. Le modèle GEREM (Glass Eel Recruitment Estimation Model, Drouineau et al., 2016) estime ainsi que l’UGA Loire est celle qui reçoit la plus grande part du recrutement estuarien (34,6%). L’amélioration de la survie de la population de Loire et du potentiel de géniteurs du bassin représente donc un enjeu majeur pour la restauration de l’espèce.

Les deux précédents rapportages ont donné lieu à un document de synthèse pour l’UGA Loire rédigé par LOGRAMI, pour contribuer au rapport national .

A la demande de la DREAL Pays de la Loire, secrétaire du COGEPOMI Loire, le Tableau de bord Anguille synthétise dans un rapport les actions menées pour l’anguille sur le bassin de la Loire et les mesures de gestion pour la période 2015-2017. Ces informations sont issues des indicateurs de suivi de l’anguille, à partir des données des services de l’Etat et des producteurs de données du bassin : LOGRAMI, Fédérations de pêche de loisir, associations de pêcheurs professionnels, organismes de recherche, etc.

La situation de l’anguille ne s’est pas améliorée depuis 2015

Le rapport 2015 pour l’UGA Loire   constatait le mauvais état de la population du bassin de la Loire et proposait une liste d’enjeux prioritaires sur l’UGA Loire :

  • améliorer l’accessibilité des zones humides littorales qui constituent un potentiel d’accueil important pour l’anguille, par une meilleure transparence des ouvrages estuariens qui représentent le premier et le principal obstacle à la colonisation de l’anguille.
  • diminuer l’impact anthropique sur la migration des anguilles en effaçant des seuils et barrages retardant ou bloquant l’espèce dans sa colonisation du bassin versant, pour tendre vers une transparence migratoire
  • mettre l’accent sur la protection et la restauration des habitats préférentiels de l’anguille, à savoir les zones humides, annexes hydrauliques et bras morts, dont la surface diminue d’année en année.

Ce constat et ces enjeux sont les mêmes aujourd’hui.

De 2013 à 2016, les captures de civelles par les pêcheries professionnelles sur l’UGA Loire ont augmenté, suite aux meilleurs recrutements de civelles et à la révision à la hausse des quotas de capture. Elles ont cependant baissé en 2017, malgré la hausse des quotas (données AFB). Les données disponibles ne permettent pas à ce jour de déterminer la tendance pour les captures d’anguilles jaunes par les pêcheurs aux engins ou aux lignes.

Le recrutement en anguillettes observé aux passes-pièges à anguilles de Vendée et de la Sèvre niortaise est en diminution (données FDPPMA de Vendée, PNR du Marais poitevin). Les recrutements importants observés de 2012 à 2014 (selon les secteurs) ne se sont pas poursuivis.

Le suivi de la colonisation des principaux axes de migration réalisé en 2016 par LOGRAMI confirme la diminution du recrutement fluvial sur la Loire et les fleuves côtiers vendéens, ainsi que la contribution des recrutements antérieurs sur l’abondance des anguilles supérieures à 150mm. Le Front de colonisation des anguilles de moins de 300mm reste cependant insuffisant compte-tenu du potentiel d’accueil que représente le Bassin Loire.

Fronts de colonisation 2016 sur les bassins de la Loire et des côtiers vendéens. Données LOGRAMI / Fédérations de pêche et de protection du milieu aquatique

L’acquisition de connaissances sur l’échappement d’anguilles argentées a été étendue avec les suivis mis en œuvre sur la Sèvre niortaise et le lac de Grand-Lieu. Cependant, la production d’anguilles argentées sur le bassin est toujours sur une tendance décroissante (source AAPPBLB 2016).

L’impact des turbines hydroélectriques à la dévalaison est estimé à 3,1% et 2,2% chez l’anguille en Loire et Vendée respectivement, compte-tenu de la répartition actuelle de la population. Cependant, l’impact ne prend pas en compte les mortalités différées et les retards ou blocages liés à la désorientation des anguilles argentées dans les retenues d’eau.

Compte-tenu de la durée du cycle de vie continentale de l’espèce, l’amélioration de l’échappement des géniteurs ne pourra s’améliorer qu’à long terme, si les actions de réduction des impacts sur l’espèce et d’amélioration de l’accessibilité des habitats sont poursuivies de manière efficace. En effet, la situation actuelle de l’UGA Loire, Côtiers vendéens et Sèvre niortaise est très mauvaise au regard des objectifs d’échappement en biomasse et de mortalité anthropique du règlement européen.

Documents joints

Documents cités

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